La fabrique de nos esprits 

J’ai beau rechercher dans ma mémoire d’enfant, je ne me souviens pas m’être émerveillé devant une villa, une voiture, des meubles, un téléphone, ou des vêtements. Ces envies ne sont arrivés qu’après ; après les rêves de gloire, de pouvoir et de richesse inoculés par les contes de fées, après l’école et son modèle d’éducation élitiste ; après la télé et son flux d’images standardisées de la vie moderne, après les flots de publicités sur les médias sociaux et les appels à consommer. 

Un peu comme si le désir de posséder s’est substitué à mes rêves de gosse à mesure que le moule occidental se refermait sur moi. 

On a séquestré mon âme d’enfant dans une prison dorée : la société de consommation.

Mais une fois dans la vie active, je me suis rendue compte que, comme beaucoup d’autres, ces promesses étaient vaines et dénuées de vérité. D’une part, posséder ne rend personne heureux.

Et d’autre part, je me suis aperçue que les possessions ne sont que du poison. 

En effet, les possessions ne font finalement qu’augmenter nos angoisses et notre immobilisme généralisé. On nous fait croire à coup de publicités et de campagnes ciblées, qu’acheter un nouveau sac à main ou une nouvelle voiture comblerait le vide intersidéral dans lequel nos vies sont immergées.     

Nos possessions nous contaminent

Nos possessions nous affectent bien plus que nous le croyons. Plus nous possédons, plus la peur du vol nous pousse à nous barricader dans nos prisons dorée. On se calfeutre dans des cellule de captivité. Ou l’on part vers l’ilot doré de l’exil : Dubai !

La peur nous encourage à protéger nos possessions. Ainsi on barricade nos maisons. On installe alors des cadenas, des alarmes. On adhère à des services de gardiennage, ou on cède à des systèmes de flicage. Puis, on souscrit à des assurances et des garanties diverses dont le coût est sans cesse exponentiel. 

Ainsi, plus nous possédons, plus nous payons. 

À cela s’ajoute évidement des formalités et la paperasse à traiter, les divers mots de passe et procédures à mémoriser. 

Vouloir impressionner l’autre a un coût, et il n’est pas que financier. 

Finalement, nous ne profitons plus de l’instant présent, nous perdons de précieuses heures de nos vies à magasiner, nettoyer, à entretenir, à réparer et à ranger.  Le temps s’égrène, glisse entre nos doigts sans même que nous ne nous en rendions compte. Nous le passons à entretenir des choses qui n’ont que peu de valeur, qui ne nous rendent pas plus heureux, et qui ne nous appartiennent que temporairement. Dans notre société où l’obsolescence programmée règne en maître, rien ne dure, tout se détériore, se casse. 

Alors cessons d’être obsédés et possédés par nos possessions.

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