Mon conjoint et moi, on s’est rencontrés au Québec. C’était une évidence. Vous savez une de ces rencontres où tout semble se synchroniser naturellement. On est deux personnes simples, adeptes des petits plaisirs de la vie. La bouffe, les sorties, les fêtes, et surtout, être ensemble. Notre relation, on pourrait la comparer à un beau fleuve tranquille. Mais, comme pour beaucoup, l’année 2020 est arrivée, chamboulant nos vies de manière inattendue.
2020, l’année qui a secoué le quotidien de la planète entière. Et pour nous, disons que la pandémie a bousculé nos perceptions de l’immigration, du voyage, des frontières, et de la liberté de circuler. L’année 2020 a apporté son lot de surprise dont la maladie. (Je ne parle pas du Covid-19). Après une série d’examens et des milliers de dollars dépensés, on a découvert non pas une, mais deux maladies chroniques chez mon conjoint.
Et, après près de 7 et 11 ans passés dans notre pays d’adoption, avec des milliers de dollars dépensés pour nos demandes de visa, l’impensable s’est révélé. Mon conjoint ne pourrait jamais immigrer au Canada. En effet, il existe, pour l’immigration, un système de point avec une classification par classe d’âge, de métier, d’études… Mais aussi une classification par maladies. D’ailleurs le Canada qualifie les personnes atteintes de maladies trop coûteuses comme des « fardeaux excessifs ». Oui, c’est bel et bien le terme utilisé par le gouvernement pour décrire des individus touchés par des maladies.
Bref, du diagnostic ou plutôt des diagnostics, on était loin d’imaginer tout cela… Et encore moins que quelques semaines plus tard, on serait dans un avion.
Accueillir un quotidien rythmé par les rendez-vous médicaux n’a pas été simple, et encore moins accepter que mon conjoint soit réduit à l’étiquette de ses maladies.
Le choc de l’immigration avortée
Le choc a été double. Non seulement on a dû faire face à l’impact émotionnel de la maladie, mais aussi à la réalité que notre vie au Canada prenait fin. Après avoir construit un chez-nous, après avoir tissé des liens et investi des années dans notre vie là-bas, le constat était brutal. On devait plier bagage. Pour nous, tourner cette page, c’était un peu comme perdre un morceau de nous-même, laissant derrière nous des souvenirs, des rêves, et une vie que l’on avait construite.
L’immigration n’est pas simplement une question de papiers et de formalités. C’est aussi une aventure émotionnelle, une odyssée humaine faite d’espoirs, de défis, et parfois de déceptions. Dans notre cas, la maladie a été la frontière imprévue, l’obstacle qui a mis fin à notre rêve d’une vie au Canada.
Un rêve qui, comme un château de cartes, s’est effondré devant nos yeux.
Être un « fardeau excessif »
L’étiquette de « fardeau excessif » est lourde à porter. C’est une classification qui résonne comme une sentence, une décision basée sur le coût potentiel des soins médicaux. On se retrouve alors dans une catégorie spéciale, une catégorie qui peut mettre fin à des années de projets, d’investissement de rêves, et d’efforts.
Dans notre cas, cela signifiait dire adieu à notre vie au Canada, à nos amis, à nos habitudes.
Revenir à la case départ
Revenir en France, après avoir bâti une vie au Canada, c’était comme revenir à la case départ. Une valise dans chaque main, une tonne d’émotions dans le cœur, et un sentiment d’incertitude planant au-dessus de nous. On a liquidé tout ce qu’on avait en quelques semaines. Notre appartement, notre voiture, nos emplois, nos meubles. TOUT !
Puis, on a quitté le Canada de la même façon que l’on était arrivés des années plus tôt : une valise dans chaque main.
Un nouveau départ et tout à reconstruire
Cette odyssée nous a appris la résilience, la force intérieure, et la capacité à se réinventer. Ainsi, notre voyage n’a peut-être pas abouti là où on l’imaginait initialement. C’est un nouveau départ, une opportunité de créer quelque chose de beau. On ne sait pas exactement ce que l’avenir nous réserve, mais une chose est sûre : on avance ensemble main dans la main. Et après tout, n’est-ce pas là la beauté de la vie ?