Ça fait un moment que j’ai ce poids que je traîne sans pouvoir vraiment en parler. J’ose pas vraiment le dire, parce que l’argent, c’est un sujet tabou. Chacun est libre de le dépenser comme il l’entend, c’est vrai. Mais je vais être honnête : j’ai la mort contre ces gens qui vivent avec des comptes bien garnis, et qui trouvent encore le moyen de se plaindre.
Je ne comprends pas comment, quand on nage dans l’aisance, on peut encore parler de « ne pas avoir assez ». Ces proches qui, dès que tu leur dois 10 euros, te demandent de les rembourser dans les 24 heures, parce que « ce mois-ci, c’est difficile ». Mais difficile de quoi, exactement ? Difficile de quoi, quand ils n’ont jamais eu à s’inquiéter de savoir s’ils pourraient payer leur loyer ou leurs factures à temps ? Quand ils n’ont jamais ressenti l’angoisse de voir leur compte bancaire descendre dans le rouge, ou de se demander s’ils pourraient remplir le frigo pour la semaine ? Franchement, c’est quoi la « difficulté » quand tu vis dans l’aisance?
Ces gens-là, qui n’ont jamais connu l’angoisse de vérifier leur compte bancaire à la fin du mois, qui n’ont jamais eu à se demander comment payer leur loyer, leurs factures, ou juste acheter de quoi manger pour les prochains jours. Ils ont toujours eu plus que nécessaire, ils vivent dans un confort dont beaucoup rêvent, mais malgré tout, ça ne leur suffit pas.
C’est comme s’ils vivaient avec l’argent à la place du cœur.
Ils accumulent les chiffres sur leur compte en banque comme si ça pouvait combler tous leurs vides. Mais l’argent, pour eux, ce n’est pas juste un outil, c’est leur principale préoccupation.
En ce moment, mon conjoint et moi, on se bat pour réaliser un projet qu’on a en tête depuis des années. C’est pas un luxe, c’est pas un caprice. C’est juste un rêve simple, celui d’avoir un toit à nous, un endroit où on pourrait enfin se poser, où on se sentirait chez nous. Mais tu vois, les banques ne veulent rien savoir. Pour elles, on n’est pas assez « rentables », pas assez « sûrs », alors elles nous ferment la porte au nez. Comme si notre projet n’avait aucune valeur, comme si tout ce qu’on avait déjà construit ne comptait pas.
Alors là, tu te dis : « Ok, il nous reste les proches.
Ceux qui te connaissent, qui devraient comprendre ce que tu traverses. » Et c’est là que le bât blesse. Parce que parmi ces proches, il y a des gens qui, financièrement, sont à l’aise. Ils vivent sans avoir à se soucier financièrement du lendemain. Et naïvement, tu te dis qu’ils vont te soutenir, qu’ils vont comprendre que tu ne leur demandes pas la lune, juste un coup de pouce.
Un prêt, pas un don, pas de la charité. Juste quelque chose qui pourrait nous aider à avancer. Mais non. Rien. Silence.
Ils te regardent avec ce petit sourire gêné, te balancent des excuses absurdes sur « l’incertitude du moment » ou « les risques ». Quels risques, sérieusement ? Pour eux, prêter cette somme, c’est à peine un ajustement sur leur compte, juste quelques chiffres qui changent. Mais pour nous, ça pourrait tout changer.
Pourtant, ils préfèrent rester dans leur bulle, dans leur confort, loin de nos galères.
C’est là que je réalise qu’ils préfèrent s’accrocher à chaque centime plutôt que de nous tendre la main, nous qui avons toujours été là pour eux quand ils avaient besoin. Ils ont l’argent à la place du cœur. C’est comme si leur humanité s’était dissoute quelque part entre leurs comptes en banque, entre leurs livrets d’épargne et leurs assurances-vie. L’argent guide leur choix.
Et moi, je reste là, à me demander : comment est-ce qu’on en est arrivé là ?
Je sais bien que chacun a un rapport différent à l’argent, que c’est personnel, mais cette cupidité, cette fixation sur chaque centime me dépasse. Comment peut-on en arriver à ce point, où l’argent prend le pas sur tout le reste, même sur les relations humaines, même sur la simple empathie ?