Mon conjoint et moi, nous nous sommes rencontrés il y a cinq ans. Très rapidement ce fut une évidence. On est deux personnes simples. On aime les petits plaisirs de la vie. Et peu de choses suffisent à nous rendre heureux. On aime manger, on aime sortir, on aime faire la fête, on aime voyager et par-dessus tout on aime être ensemble… On peut dire depuis cinq ans notre relation c’est plutôt un beau fleuve tranquille.
Si jusqu’ici on vivait tranquille sur notre petit nuage d’amour, mais 2020 ne nous on a pas épargné.
Outre la pandémie qui a fait basculer les perceptions que l’on avait de l’immigration, du voyage, des frontières, et de la liberté de circuler, 2020 nous a aussi apporté la maladie ou devrais-je plutôt dire les maladies. En effet, au cours de cette fameuse année, après une quarantaine d’examens et des milliers de dollars dépensés, on a détecté non pas une mais deux maladies de merde à mon conjoint.
Et alors que nous nous étions rencontrés au Québec que ça faisait respectivement six et 11 ans que l’on vivait dans notre pays d’adoption, alors que l’on avait et chacun ont dépensé plusieurs milliers de dollars pour nos différentes demandes auprès de l’immigration nous avons appris découvert, que mon conjoint ne pourrait jamais immigrer de façon permanente au Canada.
En effet, s’il existe une classification par type d’âge, de métier, d’études… Il existe aussi une classification des maladies. Et c’est ainsi que nous avons découvert non sans effroi que pour immigrer au Canada il vaut mieux avoir le sida qu’une sclérose en plaques.
Pour ceux qui trouverait cela étrange ou un petit peu excessif, sachez que le Canada nomme les personnes malades comme étant des « fardeaux excessifs ». Oui oui, c’est le vocabulaire utilisé par le gouvernement pour décrire des personnes atteintes de maladies.
Pour les immigrants impliqués que nous étions, j’avoue ce fut un peu la douche froide.
Mon conjoint avait créé son entreprise depuis plus de quatre ans. Il payait via celle-ci des milliers de taxes aussi bien au Québec qu’au Canada. De mon côté, jetais très impliquée dans le déploiement de la coopérative d’habitation dans laquelle je vivais …
On était très loin d’imaginer lors du diagnostique que quelques semaines après nous serions dans un avion.
Ça n’a pas été simple d’accueillir les maladies et un quotidien rythmé par les rdv médicaux, et encore moins d’accepter que l’on résume une personne par l’étiquette de sa/ses maladies.
Disons que ce Canada là ce n’était pas le Canada dont on étaient respectivement tombés amoureux.
Bref, la maladie nous a fait découvrir un autre visage de l’immigration.
Un visage dont on parle peu.
Du moins, un visage que l’on ignore complètement lorsqu’on est en pleine santé.
Face à un système dogmatique, réducteur et peu tolérant on s’est plié aux règles et on a plié bagage. On a liquidé tout ce qu’on possédait. Aussi bien nos biens matériels que notre petit terrain dans Lanaudière et nous sommes rentrés en France de la même façon que nous sommes arrivés au Canada, une valise dans chaque main.
Ce fut un retour à l’image d’un diagnostic de maladie : rapide, pas préparé et brutal.
Néanmoins il en fallait davantage pour nuire à notre bonne humeur et à notre goût pour la vie. C’est pourquoi à peine arrivés on s’est mis en quête de notre nouveau chez nous.
C’est ce que je vous raconte dans un prochainement épisode!
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